Nous quittons Tabarka, dernière ville tunisienne, en direction du Maroc : il faut longer la côte algérienne (1600 km !) à bonne distance pour rester hors des eaux territoriales. L’Algérie ne souhaite pas de touriste ou en tout cas ne facilite pas leurs séjours (Visa, formalités douanières compliquées et payantes, contrôles, etc.). Le vent se lève une fois atteint les 15 miles au large de la côte mais il sera faible et peu constant, nous obligeant à faire une partie aux moteurs.
Nous appréhendons un peu cette première longue navigation, estimée à cinq jours. Mais finalement, avec cette météo très clémente, le temps passe vite : nous travaillons, on s’occupe du ménage quotidien, on fait des siestes pour compenser les veilles de nuits, et surtout nous avons de nombreux visiteurs ! Insectes, dauphins (nous n’en avons jamais vu autant !) et des oiseaux nous prenant pour un bateau-taxi 😉. Mais c’est aussi une première pêche miraculeuse : un thon rouge ! On n’en revient toujours pas ! Les 3,5 kg de filet, après avoir été congelé puisqu’on ne savait pas combien de temps nous allions mettre pour atteindre la Maroc, ont été partagé avec les marocains à notre arrivée à Saïdia.
Les nuits sont perturbées par un comique qui fait des bruits étranges à la radio : miaulements et autres sons étranges nous font bien rire mais, l’énergumène fait ça sur le canal 16 ! Canal de veille et de sécurité où il est bien sûr interdit de faire ce genre de plaisanterie. Et c’est rebelotte toutes les nuits … La dernière nous donne du fil à retordre. Thibaut s’inquiète d’apercevoir des lumières en alignements : la côte ? Des bateaux ? On approche de la frontière marocaine, il fait nuit noire et on essaie tant bien que mal de trouver ce que c’est : probablement la côte car, à peu de chose près, cela correspond aux différents signaux sur la carte maritime. On est rassuré. Quelques écarquillements d’yeux plus tard, surprise : la côte a bougé ! Pu… de me… on est en train de foncer tout droit dans un alignement de bateaux de pêche avec des filets derrière !!! Ces lumières sont en fait celles de bateaux, de casiers et de filets qui clignotent comme des sapins de Noël dans un chao propre aux pêcheurs. Avec la distance, on ne pouvait pas différencier les couleurs et le rythme de scintillement de leurs feux qui ne respectent aucune législation. Vigilance toujours ! Thibaut à la barre, Cécile (emmitouflée dans une couverture car il fait très froid) à l’avant avec une lampe torche, et c’est parti pour un zigzag d’évitement à allure très lente dans ce piège géant. Deux heures de stress plus tard, nous sommes sortis de la toile d’araignée, le jour se lève et la Maroc pointe son nez.
Quel bonheur de mettre pied à terre et de retrouver le calme ! Saïdia promet d’être très sympathique : l’accueil est chaleureux et amical, c’est décidé : on hiverne ici !
Clisbeth va t'expliquer comment couper le thon. Dans un poisson, on mange presque tout 🤣